Un
rapport du CNIS éclairant
Coût du
capital Demandée par la CGT, fin 2013, l’étude que vient de
publier le Conseil national de l’information statistique (CNIS)
confirme combien ce que coûte le capital aux entreprises françaises
est exorbitant, et qu’il est urgent de mieux le mesurer et de
donner des droits nouveaux aux institutions représentatives du
personnel, pour plus de transparence.
En 1981,
les dividendes versés en France par les sociétés non financières
à leurs actionnaires représentaient 10 jours de travail salarié en
moyenne. En 2012, ils représentaient 45 jours de travail (Source
Eurostat).
En
2014,
les actionnaires du CAC 40
ont reçu au total 56 milliards
d’euros,
soit 30 % de plus que l’année précédente…
Mais, ce
que coûte le capital aux entreprises n’est pas réductible aux
seuls dividendes versés, même si leur augmentation exponentielle,
au regard de la stagnation des salaires, laisse songeur.
Le coût
du capital inclut le poids de la financiarisation mondialisée de
l’économie, qui permet de réaliser d’impressionnantes
plus-values sur un marché dont les fluctuations sont presque
entièrement déconnectées des réalités de la production. Il
implique le coût du crédit, des assurances, des différentes
participations croisées. Il comporte le passage obligé par des
circuits de financement complexes, devenus nécessaires pour le
moindre investissement, que celui-ci soit productif (achat de
machines, embauches…) ou spéculatif. Il se mesure aussi à
l’importance relative des actifs financiers, par rapport aux biens
affectés à la production, dans le patrimoine des entreprises.
Un
coût et ses dégâts
Contrairement
à la rémunération du travail, soit le salaire net et le salaire
socialisé (cotisations sociales), le « coût du capital » est donc
difficile à estimer. Comme l’indiquait, en 2013, l’étude du
Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et
économiques (Clersé), réalisée à la demande de la CGT et de
l’Institut de recherches économiques et sociales, il existe
désormais « un phénomène de pure rente », sans justification
économique, car dépassant largement la rémunération du risque
entrepreneurial. Mais comment chiffrer cette « rente » et analyser
ses effets néfastes sur la production et l’emploi ?
Ce coût
du capital, la CGT souhaite continuer à l’étudier, afin de mieux
le cerner, d’en mesurer plus nettement le poids sur notre société
et, bien sûr, de combattre plus efficacement ses effets pervers sur
l’économie, le pouvoir d’achat et l’emploi. Face aux campagnes
répétées sur un « coût du travail » rendu responsable de tous
les maux – et que l’on réduit en portant atteinte tant aux
droits sociaux (exonérations diverses de cotisations sociales,
attaques contre les retraites, etc.) qu’aux conditions de travail
(externalisations, politique de bas salaires, insécurité
professionnelle, etc.) –, la CGT considère qu’il est
indispensable d’ouvrir le débat sur les dégâts causés par le
coût excessif du capital.
Le
CNIS confirme
Le
rapport du CNIS sur le coût du capital, rendu public en juillet
2015, est un jalon important dans cette recherche. Présidé par
Olivier Garnier, le groupe de travail du CNIS constate « l’ampleur
de la marge d’incertitude qui affecte l’estimation des dividendes
dans les comptes nationaux », et invite à affiner l’étude
statistique sur la rémunération du capital. La CGT, qui avait fait
la demande d’une étude de ce type, à l’automne 2013, se réjouit
de la qualité du travail produit. Les premières conclusions
mettent en évidence que « l’information statistique sur le coût
du capital est lacunaire, éparse et peu normalisée ». Ce
rapport, d’une grande rigueur technique le rendant difficilement
lisible pour les non-initiés, peut être consulté en ligne sur le
site du CNIS.
Transparence,
démocratie : des droits qui se font attendre
Les
travaux successifs du Clersé et du CNIS, qui n’ont pas la même
orientation de départ ni la même méthodologie, aboutissent à un
constat commun : le capital a un coût très lourd, ce coût a des
conséquences essentielles sur la vie des entreprises et sur les
politiques publiques, et personne n’est actuellement en mesure
de le chiffrer de façon certaine. La nécessité de forger de
nouveaux outils susceptibles de mesurer les différents aspects du
coût du capital, et d’en faire un usage éclairant les échanges
sur la politique économique, est donc toujours d’actualité. Et la
CGT poursuit « sa bataille pour plus de transparence et de
démocratie dans les entreprises ».Clersé : Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques
"Une force à vos côtés"