La CFDT au
secours de la loi Macron
Article
publié dans Le Canard Enchaîné du 25 février 2015
La
décision est tombée brutalement : le 11 février, la direction
de la CFDT Confédération Française Démocratique du Travail a mis
sous tutelle son syndicat du commerce d’Ile-de-France, l’un des
plus importants de la confédération, avec 4500 adhérents.
Laurent
Berger n’y est pas allé de main morte. Le siège de ce syndicat,
jusqu’à présent implanté au coeur du quartier des grands
magasins, est transféré dans les locaux de la confédération, et
la situation des délégués sera « réexaminée » dans
le cadre de cette « administration provisoire ». En
clair, leur mandat peut sauter, et leurs patrons auront le champ
libre pour les virer. Bigre ! Auraient-ils tapé dans la caisse
ou, pis, fait rénover leurs appartements aux frais du syndicat ?
En fait,
le couperet s’est abattu au lendemain d’une lettre adressée par
Emmanuel Macron par l’Alliance du commerce, le syndicat patronal
qui représente les Galeries Lafayette, le Printemps, le Bon Marché
et le BHV. Dans ce courrier, les patrons des principaux magasins de
la future « zone touristique internationale » sonnaient
le tocsin au sujet de l’un des amendements de la loi Macron.
Celui-ci prévoit que, même dans les zones touristiques, le travail
du dimanche devra passer par un accord social, notamment sur les
compensations salariales. Mais cet accord ne peut pas s’appliquer
si des syndicats représentant au total plus de 50 % des salariés
s’y opposent.
Or, dans
ce secteur des grands magasins, la CGT et la CFDT réunies dépassent
largement ces 50 % aux élections et sont résolument hostiles au
travail le jour du Seigneur. Ces deux syndicats ont même fondé
conjointement le Clic P, une structure syndicale qui milite,
justement, contre le boulot dominical, et n’ont pas hésité à
trainer devant les tribunaux les patrons qui en usaient
illégalement.Les deux confédérations risquaient donc de négocier
durement, voire de bloquer tout accord.
En
plaçant pour un an son syndicat sous tutelle, Laurent Berger retire
une terrible épine du pied d’Emmanuel Macron, puisque, dans aucune
des boites concernées, la CGT ne dispose à elle seule de la
majorité absolue. Sûr que les patrons des grands magasins vont lui
élever une statue.
Source WEB
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