(24 mars 2015)
Santé. Le chômage tue
La santé des chômeurs est mal prise en compte. Le chômage est un facteur important de surmortalité. Il tue entre 10 000 et 20 000 personnes chaque année en France.
Malgré le chômage de masse, la santé des chômeurs reste un « trou noir » de la connaissance scientifique. Mais même partielles, toutes les études tendent à montrer que le chômage est un facteur important de surmortalité.
Mais au-delà de ces actes exceptionnels, la réalité est encore plus glaçante. Le chômage tuerait « entre 10 000 et 20 000 personnes par an », selon une estimation de Pierre Meneton (Inserm), auteur d'une étude sur la santé des chômeurs.
L'étude met en évidence une « surmortalité très importante » chez les chômeurs, presque trois fois supérieure à celle des non-chômeurs. Le chômage a notamment « des effets majeurs sur la survenue d'accidents cardiovasculaires et de pathologies chroniques ».
« Ces effets sont bien liés à la condition de chômeur, parce que les retraités ou les personnes volontairement inactives ne sont pas touchées », précise le professeur Meneton.
Les chômeurs ont des « comportements à risque », explique-t-il. En moyenne, « ils consomment plus d'alcool, moins de fruits et légumes, et ont un apport calorique (hors alcool) très significativement plus élevé que la moyenne ».
Mais ces résultats sont probablement « une sous-estimation de la réalité », de l'aveu même de son auteur. Ils se basent en effet sur un échantillon de personnes plus favorisées que la moyenne et ne tiennent pas compte des effets de la crise économique.
Aucune étude ne donne, pour l'heure, de vision plus précise de la situation.
Paradoxal dans un pays qui connaît le chômage de masse depuis des décennies. Fin janvier, Pôle emploi recensait 3,7 millions de chômeurs en France, 5,5 millions en comptant ceux ayant une petite activité.
« La santé des chômeurs semble n'intéresser personne », dénonce M. Debout, « ni les professionnels de santé », « ni les chercheurs », « ni surtout les pouvoirs publics, toutes sensibilités confondues ».
C'est une « problématique importante à nos yeux », dément le ministère du Travail, qui a récemment confié à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) une mission « sur la prise en compte des problématiques de santé dans l'accompagnement des demandeurs d'emploi ».
Pour l'heure, le service public de l'emploi intègre peu les questions de santé, qui ne font l'objet, par exemple, d'aucun module spécifique dans la formation initiale des conseillers Pôle emploi.
Mais ces derniers, « qui viennent souvent de la sphère sociale, portent une attention particulière aux questions sociales, notamment de santé », assure-t-on chez l'opérateur public, qui dispose également de « procédures d'alerte, qui peuvent être activées quand un demandeur d'emploi menace de se suicider par exemple ».
Pour des cas moins graves, les conseillers peuvent aussi « les orienter vers les bilans de santé gratuits de la caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) », proposés partout en France, indique Laurence Boulieu, conseillère dans le Val-d'Oise, qui est toutefois « rarement » confrontée à ce type de situations.
Le psychiatre Michel Debout souhaite, lui, généraliser une « médecine préventive des chômeurs », sur le modèle de la médecine du travail.
« L'idée, plaide-t-il, c'est que la société dise aux chômeurs: « On ne vous abandonne pas ! Votre santé nous intéresse ! » ».
Entre 10 et 20 000 morts par an
Partie émergée de l'iceberg, les suicides de chômeurs font régulièrement l'actualité. Entre 2008 et 2010, 584 suicides pourraient être attribués à la hausse du chômage, selon une étude de l'Institut français pour la santé et la recherche médicale (Inserm).Mais au-delà de ces actes exceptionnels, la réalité est encore plus glaçante. Le chômage tuerait « entre 10 000 et 20 000 personnes par an », selon une estimation de Pierre Meneton (Inserm), auteur d'une étude sur la santé des chômeurs.
Comportements à risque
Entre 1995 et 2007, le scientifique a suivi 6 000 volontaires âgés de 35 à 64 ans pour observer les effets du chômage sur la santé cardiovasculaire et la mortalité globale. Les résultats ont été publiés en décembre dans la revue International Archives of Occupational and Environmental Health.L'étude met en évidence une « surmortalité très importante » chez les chômeurs, presque trois fois supérieure à celle des non-chômeurs. Le chômage a notamment « des effets majeurs sur la survenue d'accidents cardiovasculaires et de pathologies chroniques ».
« Ces effets sont bien liés à la condition de chômeur, parce que les retraités ou les personnes volontairement inactives ne sont pas touchées », précise le professeur Meneton.
Les chômeurs ont des « comportements à risque », explique-t-il. En moyenne, « ils consomment plus d'alcool, moins de fruits et légumes, et ont un apport calorique (hors alcool) très significativement plus élevé que la moyenne ».
Mais ces résultats sont probablement « une sous-estimation de la réalité », de l'aveu même de son auteur. Ils se basent en effet sur un échantillon de personnes plus favorisées que la moyenne et ne tiennent pas compte des effets de la crise économique.
Aucune étude ne donne, pour l'heure, de vision plus précise de la situation.
« Leur santé n'intéresse personne »
La santé des chômeurs est un « véritable "trou noir" de la connaissance scientifique et médicale », déplore le psychiatre Michel Debout dans son livre intitulé « Le traumatisme du chômage ». « C'est vrai qu'en France, on a très peu de données », confirme Pierre Meneton.Paradoxal dans un pays qui connaît le chômage de masse depuis des décennies. Fin janvier, Pôle emploi recensait 3,7 millions de chômeurs en France, 5,5 millions en comptant ceux ayant une petite activité.
« La santé des chômeurs semble n'intéresser personne », dénonce M. Debout, « ni les professionnels de santé », « ni les chercheurs », « ni surtout les pouvoirs publics, toutes sensibilités confondues ».
C'est une « problématique importante à nos yeux », dément le ministère du Travail, qui a récemment confié à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) une mission « sur la prise en compte des problématiques de santé dans l'accompagnement des demandeurs d'emploi ».
Bilan santé et procédures d'alerte
Dans son plan de lutte contre le chômage de longue durée présenté début février, François Rebsamen prévoyait, en outre, de « renforcer la possibilité de déclencher un bilan de santé du demandeur d'emploi dans le cadre de son accompagnement ».Pour l'heure, le service public de l'emploi intègre peu les questions de santé, qui ne font l'objet, par exemple, d'aucun module spécifique dans la formation initiale des conseillers Pôle emploi.
Mais ces derniers, « qui viennent souvent de la sphère sociale, portent une attention particulière aux questions sociales, notamment de santé », assure-t-on chez l'opérateur public, qui dispose également de « procédures d'alerte, qui peuvent être activées quand un demandeur d'emploi menace de se suicider par exemple ».
Pour des cas moins graves, les conseillers peuvent aussi « les orienter vers les bilans de santé gratuits de la caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) », proposés partout en France, indique Laurence Boulieu, conseillère dans le Val-d'Oise, qui est toutefois « rarement » confrontée à ce type de situations.
Le psychiatre Michel Debout souhaite, lui, généraliser une « médecine préventive des chômeurs », sur le modèle de la médecine du travail.
« L'idée, plaide-t-il, c'est que la société dise aux chômeurs: « On ne vous abandonne pas ! Votre santé nous intéresse ! » ».
Source :
LE CHÔMAGE TUE...
Nous lançons donc un appel solennel
à nos dirigeants,
afin que ceux-ci usent avec parcimonie
de leur droit de sanction
à l'encontre des salariés.
"Une force à vos côtés"
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