vendredi 31 juillet 2015

Un rapport du CNIS éclairant



 

Un rapport du CNIS éclairant
Coût du capital Demandée par la CGT, fin 2013, l’étude que vient de publier le Conseil national de l’information statistique (CNIS) confirme combien ce que coûte le capital aux entreprises françaises est exorbitant, et qu’il est urgent de mieux le mesurer et de donner des droits nouveaux aux institutions représentatives du personnel, pour plus de transparence.
 

En 1981, les dividendes versés en France par les sociétés non financières à leurs actionnaires représentaient 10 jours de travail salarié en moyenne. En 2012, ils représentaient 45 jours de travail (Source Eurostat).

En 2014,
les actionnaires du CAC 40
ont reçu au total 56 milliards d’euros,
soit 30 % de plus que l’année précédente…

Mais, ce que coûte le capital aux entreprises n’est pas réductible aux seuls dividendes versés, même si leur augmentation exponentielle, au regard de la stagnation des salaires, laisse songeur.


Le coût du capital inclut le poids de la financiarisation mondialisée de l’économie, qui permet de réaliser d’impressionnantes plus-values sur un marché dont les fluctuations sont presque entièrement déconnectées des réalités de la production. Il implique le coût du crédit, des assurances, des différentes participations croisées. Il comporte le passage obligé par des circuits de financement complexes, devenus nécessaires pour le moindre investissement, que celui-ci soit productif (achat de machines, embauches…) ou spéculatif. Il se mesure aussi à l’importance relative des actifs financiers, par rapport aux biens affectés à la production, dans le patrimoine des entreprises.

 
Un coût et ses dégâts
Contrairement à la rémunération du travail, soit le salaire net et le salaire socialisé (cotisations sociales), le « coût du capital » est donc difficile à estimer. Comme l’indiquait, en 2013, l’étude du Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé), réalisée à la demande de la CGT et de l’Institut de recherches économiques et sociales, il existe désormais « un phénomène de pure rente », sans justification économique, car dépassant largement la rémunération du risque entrepreneurial. Mais comment chiffrer cette « rente » et analyser ses effets néfastes sur la production et l’emploi ?

 
Ce coût du capital, la CGT souhaite continuer à l’étudier, afin de mieux le cerner, d’en mesurer plus nettement le poids sur notre société et, bien sûr, de combattre plus efficacement ses effets pervers sur l’économie, le pouvoir d’achat et l’emploi. Face aux campagnes répétées sur un « coût du travail » rendu responsable de tous les maux – et que l’on réduit en portant atteinte tant aux droits sociaux (exonérations diverses de cotisations sociales, attaques contre les retraites, etc.) qu’aux conditions de travail (externalisations, politique de bas salaires, insécurité professionnelle, etc.) –, la CGT considère qu’il est indispensable d’ouvrir le débat sur les dégâts causés par le coût excessif du capital.

 
Le CNIS confirme
Le rapport du CNIS sur le coût du capital, rendu public en juillet 2015, est un jalon important dans cette recherche. Présidé par Olivier Garnier, le groupe de travail du CNIS constate « l’ampleur de la marge d’incertitude qui affecte l’estimation des dividendes dans les comptes nationaux », et invite à affiner l’étude statistique sur la rémunération du capital. La CGT, qui avait fait la demande d’une étude de ce type, à l’automne 2013, se réjouit de la qualité du travail produit. Les premières conclusions mettent en évidence que « l’information statistique sur le coût du capital est lacunaire, éparse et peu normalisée ». Ce rapport, d’une grande rigueur technique le rendant difficilement lisible pour les non-initiés, peut être consulté en ligne sur le site du CNIS.

 
Transparence, démocratie : des droits qui se font attendre
Les travaux successifs du Clersé et du CNIS, qui n’ont pas la même orientation de départ ni la même méthodologie, aboutissent à un constat commun : le capital a un coût très lourd, ce coût a des conséquences essentielles sur la vie des entreprises et sur les politiques publiques, et personne n’est actuellement en mesure de le chiffrer de façon certaine. La nécessité de forger de nouveaux outils susceptibles de mesurer les différents aspects du coût du capital, et d’en faire un usage éclairant les échanges sur la politique économique, est donc toujours d’actualité. Et la CGT poursuit « sa bataille pour plus de transparence et de démocratie dans les entreprises ».

Clersé : Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques


"Une force à vos côtés" 




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